Notre pays connaît aujourd’hui les prémices d’une crise du logement sans précédent.
Les explications sont multiples mais désormais bien connues : renchérissement du coût de la construction lié à l’augmentation du prix des matières premières, manque de main d’œuvre et exigences de la REE 2020 ; hausse du prix du foncier du fait, notamment, du Zéro Artificialisation Nette (ZAN) des sols ; retournement à la hausse des taux d’intérêt. Seuls 370 800 logements ont été mis en chantier en 2022, alors même que pour loger les Français, 500 000 logements devraient sortir de terre chaque année.
Dans le même temps, pour lutter contre les passoires thermiques, la France, bien au-delà des exigences européennes, a instauré un Diagnostic de Performance Energétique (DPE) assorti, le cas échéant, de l’impossibilité de conserver le logement dans le parc locatif en l’absence de coûteux travaux. Ces DPE, dont la fiabilité est sujette à caution, font peser une véritable menace sur le parc locatif, privé comme social. Plus de 400 000 logements risquent rapidement de manquer à l’appel, auxquels s’ajouteront les transferts vers le marché de location de courte durée.
Par ailleurs, et c’est là une erreur majeure, le gouvernement n’envisage rien de moins que de nationaliser Action Logement, organisme paritaire, qui développe chaque année 40 000 logements neufs et accompagne 800 000 salariés, en le classant « administration publique ».
Si rien n’est fait, ce n’est pas une simple crise mais une véritable conflagration sociale qui nous attend. Nos territoires et nos entreprises seront impactés car le logement est indissociable de l’emploi. Déjà, notre dernière enquête indique qu’un salarié sur dix renonce à donner suite à une offre d’emploi car il ne parvient pas à trouver un logement à proximité.
C’est pourquoi pour parvenir, et c’est encore possible, à redresser la situation, la Confédération des PME formule 30 propositions réalistes et concrètes. Celles-ci visent, tout à la fois, à accompagner la rénovation du parc existant, relancer la construction, favoriser l’acquisition, passer d’une fiscalité punitive à une fiscalité incitative, faciliter la mobilité professionnelle.
Ces propositions ont été remises par François Asselin, président de la CPME, ce lundi à la Première ministre, Elisabeth Borne.