A la lecture du document de cadrage envoyé par le gouvernement aux partenaires sociaux leur proposant d’ouvrir une négociation la CPME s’étonne tant en ce qui concerne la forme que le fond de ce texte.
Sur la forme tout d’abord, il est étonnant de mettre en avant un « diagnostic partagé » qui n’a pourtant recueilli aucun consensus.
Sur le fond, ce texte prétend mettre en place « un mécanisme réellement incitatif pour responsabiliser les entreprises… en vue d’éviter des séparations excessivement nombreuses, évitables par une meilleure organisation du travail. » En clair, il est proposé d’instaurer un bonus-malus sur les contrats courts y compris lorsqu’il s’agit de remplacer un salarié absent. Une vraie bonne idée pour pénaliser ceux qui créent de l’emploi, alors même que l’objectif poursuivi devrait être la diminution du nombre de demandeurs d’emplois !
Instaurer une dégressivité des allocations chômage limitée aux seuls cadres… pourtant contributeurs largement positifs au financement de l’assurance chômage ? La dégressivité aurait donc des vertus pour les uns mais pas pour les autres !
Enfin si l’on ne peut que partager la volonté affichée d’accélérer le désendettement du régime, on ne peut que s’étonner que des mots tabous comme « intermittents du spectacle » ou « financement de Pôle Emploi » ne soient pas même évoqués alors qu’il s’agit là de dépenses indues qui pèsent lourdement sur les finances du régime d’assurance chômage.
Seule l’idée de changer les règles pour mettre fin à une situation pouvant « conduire dans certains cas les personnes à bénéficier d’un revenu global très proche d’une activité à temps plein en cumulant revenu d’activité et revenu du chômage » est de nature à infléchir les comportements en incitant à la reprise d’un emploi.
Pas sûr que cela suffise à mettre fin à la situation catastrophique actuelle que connait notre pays qui indemnise plusieurs millions de personnes privées d’emplois alors qu’à travers toute la France des entreprises renoncent à certains marchés faute de parvenir à recruter les compétences nécessaires.
Au vu de cette lettre de cadrage, le risque est de passer à côté de cet enjeu majeur pour notre pays.